Les champignons

 

Les champignons des bois d'oeuvre

Les champignons lignivores constituent une pathologie du bâti liée à des désordres hygrométriques de l'ouvrage. Leurs attaques extrêmement insidieuses causent des ravages profonds dans les structures et les maçonneries. Les conséquences physico-chimiques de leur action sur les bois d'œuvre favorisent le développement d'insectes à larves xylophages.

 

Une nécessité : la présence d'eau

Certaines espèces sont spécifiques des bois résineux, d'autres des feuillus. Mais à la base de tout développement de champignon dans l'ouvrage, il y a la présence d'un taux anormal d'humidité : vapeur d'eau dans les pièces ou les recoins mal ventilés (caves, salles d'eau, cuisine, combles isolés), eau stagnante, condensation, infiltration. Une température ambiante supérieure à 10°C est le deuxième facteur nécessaire au développement des champignons.

 

Les espèces de champignons de pourriture fréquentes

la Mérule (Serpula lacrymans). Désigné sous le nom de Champignon des maisons, ce champignon très destructeur se développe aisément à travers l'ouvrage grâce à ses rhizomorphes qui lui permettent de transporter l'eau jusqu'à des pièces de bois sèches et d'attaquer celles-ci.
La Mérule est constituée d'un mycélium de filaments très fins qui parcourt toute la masse du bois attaqué en perforant les parois des cellules. Ce mycélium forme en surface des paquets d'ouate ou des cordonnets rhizomorphes brun ou gris ramifiés capables de s'insinuer dans les joints de maçonnerie pour aller chercher l'eau nécessaire à la vie du champignon. Les fructifications formées émettent une poudre brun rouge ou jaune de sporesqui disséminent l'espèce. Aucune essence de bois des régions tempérées ne lui résiste.
De type enzymatique, la destruction du bois s'effectue par hydrolyse de la cellulose. Le bois se réduit en une substance, cassante et sèche, clivée selon 3 plans rectangulaires : c'est la pourriture cubique, qui enlève au matériau toutes ses caractéristiques mécaniques.

Les autres formes de pourriture cubique.
Elles naissent de l'attaque d'espèces différenciées. Ainsi, la Sporia spez, qui a un mycélium blanc neige. Ses cordonnets s'étalent en branches fines. Les fructifications sont également blanches etjaunissent en vieillissant. Les bois attaqués sont principalement des résineux.

Pourriture molle.
Due aux champignons ascomycètes, elle se rencontre sur les bois résineux ou feuillus au contact quasi-permanent d'eau ou de condensation très importante. Les bois prennent une teinte verte. Leur consistance est molle et spongieuse.

 

Un terrain favorable aux attaques des insectes xylophages.
Outre les dégradations qu'ils occasionnent directement, les champignons préparent un terrain particulièrement favorable aux attaques du termite et de la vrillette, grosse ou petite, en pré-digérant le matériau en quelque sorte.

 

Un traitement curatif complexe.
Le traitement fongicide de l'ouvrage nécessite la connaissance profonde du mode de développement des champignons, ainsi que des désordres de la construction. Ce traitement implique le plus souvent une restauration de l'état sanitaire du bâtiment. L'entreprise fera appel à des techniques autant physiques que chimiques. Elle doit être spécialisée, et bénéficier de la certification CTBA+ ou d'une qualification équivalente.

 

Le Diagnostic
Le diagnostic de l'ouvrage est une affaire de spécialiste EXCLUSIVEMENT !

La réhabilitation d'un bâtiment comportant des bois ouvrés doit prendre en compte dans sa programmation une phase de diagnostic de l'état sanitaire des bois.
Ce diagnostic s'inscrit dans une véritable enquête destinée à identifier l'agent destructeur, puis le circonscrire ou l'éliminer par des méthodes directes de destruction de l'insecte, ou indirectement par la suppression des facteurs favorables à sareprodution et son développement (hygrométrie du bâtiment, etc...).
Le diagnostic requiert donc des connaissances très approfondies sur une série complexe de facteurs influant sur l'état sanitaire des bois :

  • la biologie des agents d'altération des bois, mode de vie, modes d'infestation,
  • la connaissance des essences de bois et de leur comportement face aux risques d'altération du matériau,
  • l'interprétation des indices permettant de déceler la nature de l'infestation, souvent invisible,
  • les interactions possibles entre ces agents, insectes et champignons,
  • les causes et les mécanismes de la présence d'humidité dans les bâtiments (absences de ventilation de certaines parties de l'ouvrage, condensations, fuites latentes, etc...),
  • les connaissances physico-chimiques et surtout biologiques permettant l'emploi éclairé de techniques et produits pesticides, et en particulier leurs conséquences sur les personnes et l'environnement,
  • la compétence technique et le savoir-faire dans l'appréciation des moyens de lutte,
  • les connaissances techniques dans le domaine du bâtiment.

Sans ces connaissances, le diagnostic peut s'avérer faux, et engager un programme de réhabilitation fortement compromis quant à la pérennité de l'ouvrage.

Le prescripteur devra donc systématiquement montrer la plus grande attention au choix et à la qualification de l'entreprise qu'il doit désigner pour établir ce diagnostic et le cahier des préconisations correspondantes.

 

Le traitement curatif des champignons
Le traitement curatif des champignons de bois d'oeuvre comporte une phase de suppression des désordres liés à la présence d'eau dans l'ouvrage. Le traitement chimique intervient fondamentalement dans l'élimination du champignon.

Pour qu'un traitement curatif des champignons de bois d'œuvre s'avère efficace, les conditions normales d'hygiène du bâtiment doivent être rétablies.
L'assainissement du bâtiment et des bois constitue une phase essentielle du traitement curatif.

L'assainissement de l'ouvrage
Les mesures curatives doivent comporter :

  • la mise hors d'eau du bâtiment
  • la suppression des causes d'humidité (fuites, sources de condensation, humidité ascensionnelle, etc...)
  • le rétablissement de la bonne ventilation de l'ouvrage
  • la dépose des revêtements imperméables.


Le traitement fongicide
II est réalisé en trois opérations.

  • Préparation du chantier.
    Il est impératif dans un premier temps de bien circonscrire la zone à traiter. Tous les éléments en bois attaqués dont les caractéristiques mécaniques sont devenues insuffisantes doivent être déposés et brûlés.

Traitement du sol et des maçonneries.
Les maçonneries doivent être soigneusement grattées et brossées, avec un soin particulier au niveau des joints susceptibles d'abriter des rhizomorphes ou des filaments.
La surface des murs doit être stérilisée thermiquement ou chimiquement.

Les maçonneries doivent subir un traitement par application de surface et par injection d'un fongicide en profondeur.

  • Traitement des bois d'œuvre. Les bois de structure doivent être traités par injection en profondeur sous pression avec un produit de traitement fongicide en solvant organique.


Les injections doivent être pratiquées sur toute la longueur des bois contaminés ainsi qu'au niveau des encastrements en maçonnerie. Le nombre d'injections ne peut être inférieur à 3 par mètre.

L'ensemble des éléments en bois doit ensuite recevoir une application de produit fongicide en surface.

 

Un traitement aux données complexe, qui exige qualification et savoir-faire.
Le traitement fongicide des bois d'œuvre est délicat à réaliser en raison du caractère cryptogamique de l'attaque, liée de surcroît à des désordres hygrométriques. Ces caractéristiques peuvent générer des situations complexes d'infestations parallèles couplées avec des attaques fongiques.

Le traitement fongicide est donc nécessaire, mais pas toujours suffisant. Un plan d'actions concrètes de restauration de l'état sanitaire du bâtiment doit être conduit parallèlement pour assurer le succès des interventions.

L'entreprise doit posséder une connaissance approfondie de la biologie du champignon, a insi que des techniques de construction, afin de bien cerner l'étendue des désordres, apparents ou cachés, déclarés ou latents. Le prescripteur devra particulièrement veiller à la bonne qualification de l'entreprise.