Traitement des bois
LE CAPRICORNE DES MAISONS
Très répandu en France, le Capricorne des Maisons pond une bonne centaine d'œufs dans les bois résineux œuvrés.
Le cycle larvaire dure 5 ans environ.
Durant ce cycle, chaque larve peut creuser ses galeries dans les charpentes, lambris, menuiseries à la vitesse de 8 à 10 mm par jour !
Le développement du Capricorne des maisons (Hylotrupes bajulus) a trouvé un terrain très favorable d'infestation dans les zones pavillonnaires, et avec la généralisation des mesures d'isolation thermique des combles. Les dégâts peuvent aller jusqu'à la destruction quasi-complète des bois de structure.
Description
De couleur blanc ivoire, la larve peut atteindre 25 mm. La tête est garnie de deux fortes mandibules permettant à la larve de creuser ses galeries et traverser tout obstacle, y compris des feuilles de plomb ou de zinc, afin de permettre à l'insecte parfait de gagner l'extérieur.
Long de 10 à 20 mm, l'insecte parfait est de couleur noire ou brune. Il possède des antennes faisant la moitié de la longueur du corps chez le mâle, et le tiers chez la femelle. Ses élytres sont ornés de bandes formant quatre taches. Reconnaissable à son oviscapte saillant, la femelle est souvent plus grande que le mâle.
Biologie
La durée de vie de l'insecte parfait n’est que 3 à 4 semaines durant lesquelles il ne se nourrit pas et n'a d'autre fonction que celle de la reproduction.
L'activité larvaire ne s'exerce qu'entre 10° et 30°C. Pouvant varier entre 3 et plus de 10 ans, sa durée s'établit généralement aux environs de 5 ans.
Propagation
L'insecte parfait a une faible autonomie de vol, n'excédant pas 1 kilomètre. Des zones urbaines peuvent toutefois être ainsi gagnées de proche en proche par l'infestation. Si la température est inférieure à 26°C, l'insecte ne se déplace qu'en marchant, d'où la possibilité de reponte à différents endroits de la même charpente.
Les bois attaqués
Le Capricorne attaque l'aubier de tous les bois résineux. Les bois parfaits duraminisés et colorés ne sont pas attaquables. Très vulnérables, les essences à bois parfait non distinct (épicéa, sapin, etc...) peuvent être attaquées dans leur totalité.
C'est entre 20 et 40 ans que les bois d'œuvre se prêtent le mieux aux attaques.
Les indices de l'infestation
Ces indices n'apparaissent généralement qu'à la fin du premier cycle larvaire, lorsque le bois présente à sa surface des orifices correspondant aux trous de sortie de l'insecte parfait. Soit un trou de diamètre de 8 à 10 mm, ovale.
Les galeries s'étendent à la périphérie de la pièce d'ouvrage, à l'abri d'une mince pellicule de bois bombée par le tassement de la vermoulure de déjection. Les déjections récentes sont beige très clair et de forme de petits tonnelets de 0,8 mm de longueur.
L'Hesperophanes cinereus Villers est un insecte voisin du Capricorne des Maisons, mais sa larve se nourrit exclusivement de bois feuillus. Dans les essences à bois parfait duraminisé comme le chêne, seul l'aubier est attaqué.
Long de 13 à 24 mm, l'insecte parfait est de couleur brun-rouge et couvert d'une pubescence cendrée ou blanchâtre, d'aspect marbré.
L'espèce est fréquente dans le Midi, le Centre, le Val de Loire, ainsi que dans le Nord de la France.
L'Hesperophanes se distingue du Capricorne des maisons par un cycle de vie plus court, le plus souvent 2 ans. La période d'essaimage est plus précoce, et l'insecte parfait s'observe chaque printemps à partir de mai.
Le traitement curatif
Le traitement consiste en l'application de produits insecticides répondant à la certification CTBP+.La rémanence de ces produits dans le bois prémunit l'ouvrage contre toute infestation ultérieure.
Ce traitement comporte 5 phases essentielles :
Le sondage des bois, qui permet de définir les zones attaquées dans l'ouvrage.
Le bûchage des pièces de bois attaquées, afin d'éliminer les parties fortement vermoulues et sans résistance mécanique.
L'opérateur peut ainsi mieux apprécier la gravité des destructions, et définir les bois n'assurant plus leur fonction mécanique.
Les bois de dépose doivent être brûlés sans attendre, afin d'éviter la propagation de l'infestation.
Le brossage / dépoussiérage des bois, afin de maximiser la bonne pénétration du produit de traitement à la surface du matériau.
L'injection sous pression du produit de traitement dans les éléments de structure de forte section. Cette injection se fait selon une technique permettant de tuer ou de barrer inévitablement la "route alimentaire" de la larve.
L'application de surface du produit de traitement sur toutes les faces accessibles des éléments de bois.
La nécessaire compétence d'entreprises qualifiées.
Le traitement chimique implique une bonne connaissance des phénomènes liés à l'infestation, ainsi que des techniques et des produits de traitement. L'emploi de pesticides efficaces et de solvants pétroliers inflammables induit des méthodes d'application et de protection prenant obligatoirement en compte la sécurité des personnes, des biens et de l'environnement. L'obligation de respecter les réglementations en cours et des responsabilités civiles devra conduire systématiquement le donneur d'ordre à choisir une entreprise certifiée ou qualifiée.
LA GROSSE VRILLETTE
La Grosse Vrillette (Xestobium Rufovillosum) est un insecte xylophage dont la larve altère l'aubier des bois d'œuvre exposés à l'humidité ou attaqués par les champignons lignivores.
L'augmentation des cas d'attaque ces dix dernières années est essentiellement due à des travaux de réhabilitation menés en non conformité des règles de la construction et foyer de désordres hygrométriques.
Le cycle biologique dure de 3 à 10 ans. Longue à se manifester, l'infestation est donc l'indice de pathologies du bâtiment aggravées par l'attaque de champignons de pourriture.
Description.
La larve est blanc crème, et recouverte de soies jaunes dressées.
La durée du cycle biologique est comprise entre 3 et 10 ans ! Ce n'est qu'au terme de ce cycle que la présence de l'insecte est repérable, à la sortie de la première génération.
L'insecte adulte est trapu, de couleur brun foncé. Long de 5 à 7 mm, le corps est parsemé de poils jaunâtres.
D'un diamètre inférieur à 1 mm, les œufs sont blancs ivoire, leur forme rappelant celle d'un citron.
Biologie.
L'insecte parfait sort du bois en avril-mai. Cette période est marquée par un dialogue entre mâle et femelle, qui se localisent par des séries de coups de front sur le parois des galeries. C'est ce bruit que le langage populaire désigne sous le nom d'horloge de la mort. Les femelles pondent à l'extérieur des bois, dans les anciennes galeries, les surfaces rugueuses, fentes et fissures créées par l'attaque de champignons lignivores.
Une symbiose complexe avec les champignons.
La ponte peut comprendre jusqu'à 200 œufs. Mais le développement de la larve ne peut se faire que sur un bois préalablement attaqué par les champignons, apporteurs d'azote, et facteurs de ramollissement du matériau.
En retour, les bois attaqués par les larves sont infestés par deux types de champignons redoutables, occasionnant les pourritures cubiques (teinte brunissante du bois, fissuration des bois en formation de parallélépipèdes), et les pourritures fibreuses (teinte plus claire du bois dans les zones attaquées, dégradation du matériau sous forme de fibrilles).
Dégâts comparés de grosse vrillette et de petite vrillette
Nature des bois attaqués.
L'insecte attaque également les feuillus et les résineux, à l'exception des essences tropicales, apparemment. Généralement, seul l'aubier des essences à bois parfait duraminisé est attaqué. Mais l'exposition à l'humidité très prolongée du duramen d'essences réputées résistantes (chêne, châtaignier) peut favoriser considérablement une attaque de grosse vrillette. C'est le cas des bois encastrés en maçonnerie humide, ou de solivages enfermés.
Aspect des dégâts.
Dans la majorité des cas, les altérations dues à l'insecte prédominent en apparence sur celles dues aux champignons. Elles permettent donc de localiser l'attaque de ces derniers. Les attaques concernent très souvent les éléments de charpente et les planchers. Les orifices de sortie ont un diamètre de 2 à 4 mm. Les galeries sont emplies de déjections granuleuses en forme de lentilles de 1 mm.
Le traitement curatif
Le traitement est difficile en ce sens qu'il ne peut être appliqué qu'après suppression des sources d'humidité, afin d'éviter le développement des champignons de pourriture.
Les pièces de bois trop endommagées doivent être remplacées par des bois préalablement traités.
Le produit utilisé doit être insecticide et fongicide.
Le traitement comporte les opérations suivantes :
Le sondage des bois, qui permet de définir les zones attaquées dans l'ouvrage.
Le bûchage des pièces de bois attaquées, afin d'éliminer les parties fortement vermoulues et sans résistance mécanique. L'opérateur peut ainsi mieux apprécier la gravité des destructions, et définir les bois de dépose et ceux à traiter curativement.
L'élimination de la vermoulure contribue à la bonne diffusion du produit dans les galeries creusées dans le matériau.
Les bois de dépose doivent être rapidement brûlés.
Le brossage - dépoussiérage des bois, afin de maximiser la bonne pénétration du produit de traitement à la surface du matériau.
L'injection sous pression du produit de traitement sur les longueurs de pièces de bois où l'attaque est diffuse et délicate à bûcher (parties encastrées, etc...). Cette injection se fait selon une technique permettant de tuer ou de barrer inévitablement la "route alimentaire" de la larve. Les produits utilisés doivent avoir reçu la qualification CTBP+.
L'application du produit de traitement sur toutes les faces accessibles des éléments de bois.
La petite vrillette
(Anobium punctatum)
Les petites vrillettes sont connues pour les dégâts occasionnés aux meubles. Mais ces insectes se rencontrent encore plus fréquemment dans les bois de charpente et de plancher, particulièrement dans les régions littorales.
La larve de la petite vrillette se développe au long d'un cycle de 2 à 4 ans aussi bien dans les essences feuillues que dans les essences résineuses métropolitaines. Les bois les plus facilement attaqués sont ceux ayant subi des altérations par les champignons. Ces attaques peuvent s'étendre au bois parfait quand il n'est pas duraminisé, comme l'épicéa par exemple. Les essences tropicales résistent bien à un développement larvaire complet.
L'infestation est décelable par la présence de petits orifices de 1 à 2 mm de diamètre, et de petits amas ou de coulure de vermoulure à la surface du bois. Les orifices peuvent être confondus avec ceux du lyctus. C'est donc plutôt la vermoulure qui permet d'identifier l'attaque : les déjections du lyctus sont fines, avec un toucher de fleur de farine, alors que celles de l'Anobium sont grossières et coulent sous les doigts. Par ailleurs, la larve de l'Anobium obstrue ses galeries avec ses déjections, ce qui ne facilite pas le traitement.
L'infestation simultanée par la grosse vrillette (ou la petite vrillette), et les champignons lignivores induit de graves désordres potentiels latents, et des méthodes de diagnostic et de traitement complexes. Il est impératif de faire appel à une entreprise spécialisée.
Les petites vrillettes peuvent occasionner des dégâts importants aux œuvres d'art lorsque celles-ci sont situées dans des locaux humides et difficiles à chauffer : châteaux, églises, etc...